Conseil Métropolitain du 09 mars 2023

Intervention de Juliette CHESNEL-LE ROUX, Présidente du Groupe des élus écologistes

21.1 Débat d’Orientation Budgétaire

Monsieur le Président,

Voilà des semaines que nous attendions ce discours d’orientation budgétaire. Je dois avouer que, pendant un temps, j’ai même cru que nous ne le verrions jamais. C’était un peu devenu l’arlésienne. Nous savons que ça a été difficile. 

Mais pouvions-nous vraiment espérer autre chose ? Était-il possible de boucler sainement le budget d’un système qui, de toute évidence, transpire la fébrilité ? 

L’horizon était tellement sombre que, pour la première fois, vous avez fait une conférence de presse pour parler des orientations budgétaires de la ville et de la métropole.

Nous, les écologistes, défenseurs infatigables de la sobriété, nous croyons à la lutte contre le gaspillage. Et bien, Monsieur Estrosi, cela vaut aussi pour l’argent public.

Vos projets pharaoniques de la Ville de Nice, les démolitions en cascades, les lubies extravagantes d’une politique de la carte postale. Tout ceci se paye. Et ça se paye aussi au Conseil métropolitain, surtout en cette période d’inflation. Les habitants de nos collectivités et les maires des petites communes de la Métropole le savent bien : tout a augmenté. Et cela plombe nos budgets.

Alors il est évident que vous n’êtes pas responsable de tout. Mais vous êtes responsable du portefeuille de votre administration. Et malgré l’urgence de la situation économique de notre Métropole, vous n’avez pas changé vos grands projets.

Comme vous l’avez dit à la presse, et comme vous ne le dites pas dans ce rapport, les marges d’autofinancement vous obligent à renoncer ou à décaler des projets. 

Vous avez dit à la presse que l’aménagement de la sortie de la voie rapide serait décalé.

Vous avez dit à la presse et dans ce rapport que les lignes 4 et 5 du tramway ne seront pas sacrifiées. Mais nous avons de sérieux doutes.

Des sacrifices il y en aura, et tous ici nous le savons, ce seront les aménagements de proximité. Les petits travaux que l’on peut ajourner ou supprimer sans que cela fasse la une des grands journaux.

Combien de nos villages, combien de nos quartiers vont devoir surseoir à leurs travaux ? Notamment à cause de la réforme des fonds de concours qui va à l’encontre du principe de solidarité métropolitain, dont les taux sont encore inconnus et qui risque d’être un moyen de pression sur les maires.

Combien de routes vont garder leurs nids de poules ? Combien de travaux de sécurisation aux risques naturels vont être décalés, vont être oubliés ? 

Combien de travaux en matière d’assainissement ( et madame Granouillac le sait bien ) vont être supprimés, ou oubliés ?

Combien de logements accessibles aux plus modestes vont en pâtir ? 

Combien d’investissements dans la politique de la ville vont être abandonnés ? M Decoupigny vous l’a tant demandé.

Combien de nouvelles zones naturelles vont encore être sacrifiées comme à Levens, Saint Jeannet, dans l’Estuaire du Var ?

Combien de temps encore avant un vrai plan agricole territorial ?

Et le climat ? Vos affirmations en page 30 sont fausses : selon ATMOSUD, toutes les concentrations NO2, PM10, PM2,5, PM1 (Arson) sont à la hausse depuis 2020, largement au-dessus des limites de l’OMS. Et il y a toujours des dépassements très réguliers des valeurs limites de l’Union européenne. Je tiens les graphiques à votre disposition.

Voici les sacrifiés de vos orientations budgétaires. Ils ne font peut-être pas de bruit mais ils sont indispensables au quotidien de nos administrés. Et ils seront les victimes de vos orientations.

Oui, les déplacements à Paris, à Matignon, et dans les ministères en sont la preuve. Vous cherchez désespérément des financements en faisant du porte à porte ministériel.

L’augmentation de la TEOM ( si chère à mon collègue JC Picard ), le projet de création d’une taxe GEMAPI, l’augmentation des tarifs Ligne d’Azur en sont d’autres exemples. 

La dette a plus que doublé depuis votre élection. +160% interco+vdn depuis 2007.

La vérité c’est que notre Métropole s’est appauvrie.

Elle pâtit de la politique de la ville de Nice. Cet ogre qui par ses projets gargantuesques dévore les finances des communes de la Métropole. 

Avec l’échec du projet de Nice Capitale européenne de la Culture, c’est toute la Métropole qui a perdu. Et c’est aux habitants que vous envoyez la facture à présent. 

Ce sont eux qui vont se serrer la ceinture pour financer une Coulée verte à 400 millions d’euros. Alors certes, elle sera belle. Je vous fais absolument confiance là-dessus. Mais en même temps, vu son prix, elle a bien intérêt à être belle cette Coulée verte. Il ne manquerait plus que cette gabegie soit moche, aussi moche que Iconic !

Alors, plutôt que de régler le problème, vous avez choisi de détourner l’attention. C’était très intelligent d’alimenter un contre-feu médiatique avec le cirque Zavatta. Pendant que la Métropole coule, tout l’équipage regarde le chapiteau. Et on oublie l’échec cuisant de votre politique. 

Mais en vertu d’une très ancienne règle de l’écologie « on récolte toujours ce que l’on a semé ». Et votre politique porte bien ses fruits. Ce n’est malheureusement pas Jumbo l’hippopotame, même s’il est vraiment très imposant, je vous l’accorde, qui parviendra à masquer l’ampleur de ce triste spectacle.

Je vous remercie.

Intervention de Jean-Christophe Picard

D’après ce que j’ai compris, la Maison de Nice et le Goût de Nice ont mutualisé leurs moyens tant matériels qu’humains, ce qui n’apparait pas du tout dans la délibération que vous proposez.

Alors justement, lors du conseil municipal de Nice du 7 octobre 2021, nous avions demandé le bilan financier de la Maison de Nice. Sans surprise, nous demandons aujourd’hui le bilan financier du Goût de Nice. Malgré nos multiples demandes, nous n’avons obtenu ni le détail des produits ET des charges de la Maison de Nice, ni le détail des produits ET des charges du Goût de Nice, depuis leur création.

Alors, nous savons d’avance que vous allez nous reprocher de nous intéresser encore et toujours aux coûts. Effectivement, quand on voit la situation financière de la métropole, nous sommes obligés de reconnaitre que, de votre côté, vous vous désintéressez complètement des coûts.

Pour en revenir au Goût de Nice, les seuls chiffres que nous avons trouvés figurent dans le compte administratif de 2021 et ils ne sont pas bons. En fonctionnement, l’exercice est déficitaire de 13 000 euros. J’ai également relevé une subvention d’investissement de la Région à hauteur de 118 000 euros. Et je rappelle que l’argent de la Région, c’est aussi de l’agent public.

Pourtant, 2021 devait être une bonne année tant pour la Maison de Nice que la Goût de Nice selon Madame Altounian qui avait déclaré le 7 octobre 2021 : « Depuis mai, c’est environ plus 86 % de chiffre d’affaires sur les deux boutiques, ce qui prouve que nous allons dans le bon sens. » Malgré tout, il y a un résultat déficitaire.

Alors, aujourd’hui, pour camoufler ce qui ressemble à un fiasco et à un énième gouffre financier, vous proposez de faire des soldes ou plutôt des ventes privées au bénéfice des agents municipaux.

La vraie question est : doit-on continuer à gaspiller ainsi l’argent des contribuables municipaux, métropolitains et régionaux ?

Intervention d’Hélène Granouillac

Délibération 22.3 : Commune de Saint-Jeannet – Avis de la Métropole sur la création de la ZAC modifiée « Coteaux du Var ».

Le site des Coteaux du Var, 7,5 hectares 26 600 m² de surface de plancher, 1000 habitants supplémentaires sur les 4250 actuels, est retenu par la Métropole puisqu’il constitue l’un des derniers sites urbanisables dans une commune fortement contrainte (p° 5 du projet qui en compte 435). Vous décidez d’y construire 370 logements.

Les latinistes y perdent leur latin et les métropolitains, la terre de leurs ancêtres ! Avec quel aplomb assénez-vous que « le projet a évolué afin d’éviter l’urbanisation initialement prévue. Le tout enrobé d’une rhétorique confondante « restaurer, préserver, valoriser, aménager durablement, mieux prendre en compte des enjeux de désimperméabilisation, etc » confondante donc, car contradictoire avec vos actes.

Dans le rapport du DOB débat d’orientation budgétaire on lit aussi « restauration des corridors écologiques et préservation des zones naturelles » p°32. Je cite « la Métropole poursuit ses actions conformément à la politique agricole approuvée en juillet 2020. Elle s’est portée acquéreuse de parcelles agricoles qui permettront l’installation de nouveaux exploitants, Combien depuis trois ans ? Sur quelles superficies sauvées ? Nulle mention. Elle poursuit l’accompagnement des communes […] afin de faire émerger de nouveaux projets agricoles. Les actions 2023 porteront sur […] de nouvelles acquisitions foncières ».

Sur ces questions comme sur bien d’autres, et comme nous y exhortent les scientifiques qui vous conseillent, le temps – comme les espaces et les ressources naturels – nous sont comptés. Ecoutez vos administrées. Ecoutez les Saints-Jeannois sur la circulation, la biodiversité, a scolarisation, le logement :

La circulation est déjà jugée difficile. Je confirme pour y aller régulièrement, accidentogène même. C’est maintenant que nous devons questionner l’urbanisation de la commune, ou les risques de glissements de terrain s’agissant ici de coteaux. Je cite les riverains « Comment va se faire la liaison Tourraque-Ferrage ? Que va-t-il advenir du cimetière qui se trouve entre les deux ? Prévoir une seule place de parking par logement est impensable. Le chemin de la Tourraque est déjà impraticable ».

Des déplacements saturés donc, et des parents inquiets : « pour se rendre à l’école, le bus de ramassage scolaire devrait rallonger son trajet d’environ 14 kilomètres ». Donc plus d’embouteillages et plus de pollution.

Quid de la biodiversité sur une commune où l’on recense une belle activité apicole ; ce bétonnage va encore supprimer un précieux site pour insectes et pollinisateurs. AOP huile, IGP miel.

Quant au logement, ils plébiscitent la rénovation plutôt que l’étalement urbain. Et ils ont raison ! Entendez vos administrées. Entendez-vous dans nos campagnes et dans nos villes l’aspiration au(x) changement(s) que, par vos louvoiements vous n’incarnez pas. Ce morcellement de parcelles naturelles qui disparaissent va à l’encontre du ZAN zéro artificialisation nette pourtant issu de la loi climat-résilience de vos alliés, de vous. Sans oublier la critique question de l’eau…Sur ce cynisme, interrogeons-nous : et si la tempête Alex n’était que le signe avant-coureur des bouleversements qui nous attendent ? Nous refusons d’en être les prochaines victimes. Débétonnez vos esprits et ces coteaux, soutenez les petites communes dans leur transition du XXIe siècle.

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