Conseil métropolitain du 3 février 2022 – Question orale – Hélène Granouillac

Question Orale :

Monsieur le Président,

Du 9 au 11 février prochains le One Ocean Summit (sommet international) réunit, sous la présidence française de l’Union européenne à Brest de nombreux acteurs scientifiques, économiques et décideurs publics. L’objet ? Engager une réflexion profonde sur l’océan, sa fragilité et l’enjeu brûlant de la préservation de ses ressources. Nous le savons, l’océan forme un tout (71 % de la surface terrestre) d’où l’urgence partout sur cette Terre à assurer sa préservation, sa gestion et sa biodiversité.

En septembre dernier, attentifs, nous avons entendu les propos du Président de la République aux Assises de la Mer que Nice et vous-même accueilliez, défendre ensemble, je cite un « eldorado des entrepreneurs », évoquer son « exploration » et user de l’inquiétante « exploitation durable » ou encourager l’« ouverture d’autoroutes maritimes » !

A l’heure où les Etats négocient aux Nations Unies l’adoption d’un accord international historique sur la conservation et l’utilisation durable de la biodiversité marine en haute mer, il est impératif que ce Sommet parvienne à tenir le rôle vertueux qui lui incombe et soit à la hauteur des enjeux environnementaux associés. 

Vos choix récents vous font soutenir un président de la République qui prône l’exploitation minière en eaux profondes et défend les industriels de la pêche, logique qui considère les espaces et vies maritimes comme des « ressources » économiques.

Vous comme nous, embarqués sur le même bateau-monde qu’est l’océan, devons nous engager à maintenir ce bien commun contre l’accaparement.

Le One Ocean Summit promet de définir un cadre juridique à la haute mer mais attise aussi la crainte d’une mer parcellisée et privatisée au nom de l’écologie et de l’économie bleue.

Nous nous méfions légitimement de ces oxymores : cette blue economy ne doit pas nous mener vers une privatisation de l’océan, fût-elle locale : vous y engagez-vous ?

Le protégerez-vous contre le sur-tourisme ? de même contre surpêche, pollution plastique, acidification, sur-exploitation ?

Comment appréhenderez-vous les logiques de pouvoir relatives aux communs environnementaux entre enjeux marins, maritimes et terrestres si sensibles sur notre littoral méditerranéen exposé au bouleversement climatique, aux fréquents, intenses et épisodes météorologiques extrêmes ?

La stabilité de nos sociétés dépend de celle de la nature, de cette Amazonie sous-marine qu’est la mer.

Monsieur le Président, comment la Métropole qui opère une mue va-t-elle agir et respecter son PCAET (Plan Climat Air Energie Territorial) ?

Comment, en même temps, conciliera-t-elle protection des espèces, AMP aires marines protégées avec ses 4400 postes d’amarrage, sa grosse affluence accueillant 50 % du yachting mondial, sa volonté de « prioriser ses mouillages » 60 pour les super-yachts en Paca, l’Accord de Paris, cette collectivité qui fait de l’économie durable de la mer et de la protection du littoral une de ses priorités (cf. site) ? Comment ?

Où en sont les infrastructures, les escales « zéro fumée », le stockage des carburants alternatifs, la lutte contre la pollution sonore ? Quelle est a pertinence du BlueGuard, système de défense sous-marin testé au large de Nice, zone pourtant très occupée par des civils ? Bref, pas plus de greenwashing que de bluewashing.

Vous y engagez-vous solennellement ?​

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